Afin de mieux comprendre le rôle de ces appendices, il faut les considérer comme des ailes d’avion; seulement, au lieu d’agir dans l’air, leur milieu d’action est l’eau.
 

Historique du foil:

L'intérêt pour un bateau de "déjauger", c'est-à-dire de sortir sa coque de l'eau, est connu depuis déjà longtemps. Quand il déjauge, le bateau voit sa résistance à l'avancement notablement réduite.
Dès 1908, les frères Wright –ceux là mêmes qui construisirent un des premiers aéroplanes- firent décoller un catamaran doté de plans porteurs. D'autres tentatives vont se succéder. Italiens, anglais, américains se lancent dans cette course au voilier volant. Graham Bell, l'inventeur du téléphone, assemble à son tour un ambitieux hydrofoil à moteur.
Durant plus de quarante ans, la formule séduit notamment les concepteurs de navires à moteur qui, les uns après les autres, s'attaquent aux records de vitesse sur eau calme.

En 1951, un autre Wright, américain lui aussi, réussit un véritable exploit: ayant réuni deux coques de canoë munies de plans porteurs, le tout équipé d'une voile, il s'élance pour "un vol" sur la mer qui va durer... "une longue minute". Puis, simultanément, la marine de guerre et le transport maritime développent cette technique de l'hydrofoil qui présente l'avantage d'une stabilité accrue et d'une vitesse plus importante. Par la suite, la recherche va progresser sur des engins de taille réduite. Incontestablement, les hydrofoils parviennent à voler. Mais quant à maîtriser les paramètres de leurs vols, c'est une autre histoire…
 

Les différents types de foils:

 Le moins que l’on puisse dire, c'est qu'il existe une multitude de type de foils : en forme de T, de U, de V, de O, de J…. Toutes les combinaisons sont possibles ! Je vais seulement vous présenter les deux formes les plus connues et sûrement les plus usitées, celles même qui équipent l’Hydroptère:
 
Sous l'eau, le foil en T crée une force de portance verticale qui soulève le bateau hors de l'eau (déjaugeage).
 
 
Les foils en V présentent de multiples avantages, dont une grande stabilité et le fait d'assurer une force anti-dérive
 
 
 

Explications :

La grande stabilité de ce type de foils découle du fait qu'ils sont à portance variable:
 
 

 
 
 
 
 
 

Cas n°1:
La surface immergée est importante, de ce fait la portance est élevée: nous sommes ici en phase de décollage et, donc, la vitesse est faible. Peu à peu le bateau va commencer à déjauger et, de fait, à prendre de la vitesse. Plus le bateau accélère, moins le foil a besoin de surface immergée pour assurer la portance du bateau: ce dernier va alors s'élever et la surface immergée du foil va se réduire, ce qui nous amène au...

Cas n°2:
La surface portante du foil réduite + la vitesse élevée = le poids du bateau.
Tout est équilibré et, en cas de perte de vitesse, le foil va immédiatement redescendre pour la compenser par une plus grande surface de portance.
 

Les  foils et leurs limites...

Les chercheurs se trouvent actuellement confrontés à deux problèmes majeurs qui limitent les intérêts des foils. Il sont, dans l'état actuel de la science, très difficiles à résoudre.
La ventilation

La dépression sur l'extrados (face supérieure) du foil en V est telle, qu'il se peut créer une poche d'air (la pression est si faible que la force aspire l'air se trouvant à la surface) :
 
 
 

La ventilation

 
 
 
 
 
 

La ventilation est un phénomène complexe, apparaissant à toutes les vitesses, qui entraîne une diminution de la portance: l'air se mélange à l'eau (cf.: ventilation) et cause une diminution de la densité de cette dernière. L'eau n'est alors plus capable de supporter le poids du navire.
On connaît mal ce phénomène car il y a peu de données expérimentales disponibles: sa modélisation informatique est actuellement quasi impossible du fait de son extrême complexité.
 

La cavitation

Comme nous venons de le voir, une forte dépression est générée sur l'extrados foil. Cela entraîne un phénomène appelé cavitation: l'eau se met à bouillir et s'évapore.

Explication: un corps reste liquide si la pression exercée sur lui est suffisante. Mais, si l'on rempli à moitié un récipient dans lequel on fait le vide (il n'y a plus de pression de l'air), une partie du liquide s'évapore instantanément. Cette évaporation s'arrêtera cependant à un certain moment, dit point de saturation (ou de vapeur saturante). A ce point, la pression exercée sur le liquide par le liquide évaporé est trop forte pour que l'évaporation continue.( extrait du QUID )

Exemple: si, à l'altitude 0 m (pression atmosphérique normale), l'eau bout à 100°C; à 6080 m (pression atmosphérique réduite) elle s'évapore à 80°C. Vous imaginez alors ce qui se passe sur l'extrados du foil, où la dépression est énorme.

conséquences de la cavitation:



 Cette page a été inspirée par la page Hydrodynamique du site d'INNOVOILE.